Chers amis,
Il y a 100 ans, alors que les champs de batailles résonnaient encore des bruits de la guerre en Picardie, dans le Nord et en bien des lieux de notre pays, le mois de mai voyait les talus et les bords des chemins boueux s’empourprer, les coquelicots fleurissaient au milieu du chaos comme signe de la vie résistant à tout assaut.
Les soldats ont très vite porté à la boutonnière cette fleur couleur de sang, fragile médaille sur leur poitrine, médaille de vie possible dans la fureur des combats devant mener à la Liberté ouvrant alors à une Fraternité à reconstruire entre les nations à ce moment-là ennemies.
Ils fleurissent encore les coquelicots et colorent les champs de blé au mois de mai sous un ciel parfois gris figurant les inquiétudes et les combats que vivent les peuples en quête de jours meilleurs et de vie renouvelée, apaisée et porteuse d’avenir joyeux.
Le temps de Pentecôte est celui des coquelicots !
En témoins, les disciples ont persévérés de leur premier appel sur les bords du lac jusqu’au au matin de Pâques, traversant les épreuves et les luttes, se réjouissant des petits et des grands miracles, mettant leur confiance dans la parole du chef, le Maître, laissant en eux, comme la terre en elle, germer la semence de la foi. Leur élan les a portés vers leurs semblables pour leur annoncer la Bonne Nouvelle, celle du Royaume qui vient, qui est là en prémices même si les yeux embués ont de la difficulté à en voir les traces.
En témoins, les disciples ont cessé leur marche plongeant parfois dans l’incompréhension, tétanisés parfois par leur peur, figés parfois dans le silence, ressentant parfois le poids de l’abandon. Et dans ces heures sombres le Maître les a rejoint, et avec Lui une parole les a relevés, un geste a été porteur d’encouragement, une promesse a été énoncée, élan nouveau pour reprendre la route jusqu’à ce soir de Pâques où, dans la chambre haute, Il leur est apparu et a soufflé sur eux l’Esprit.
En témoins, les disciples ont transmis ce qu’ils avaient reçu et l’Esprit a ouvert les yeux, fécondé l’Evangile proclamé. Ainsi de génération en génération des témoins se sont levés, des disciples ont pris leur relais et dans une fraternité d’esprit, dans une communion de foi, la Parole a germé jusque sur les champs de ruines de vies anéanties, de chemins défoncés.
Le temps de Pentecôte est celui des coquelicots !
Oui la parole a germé et germe encore jour après jour annoncée par L’Eglise et sa multitude de témoins, si divers mais unis au Christ et unis les uns aux autres par l’Esprit du Père et du Fils.
Oui la Parole a germé et germe encore en tous lieux où l’Esprit ouvre les cœurs et les vies à la confiance, à l’espérance, au Salut qui s’incarnent et se traduisent alors par des signes au cœur de la vie, des signes divers mais porteurs d’une même assurance : le Christ est Vivant, présent aux côtés de tous aujourd’hui et jusqu’à la fin du monde.
Oui la Parole a germé et germe encore sur nos lieux de vie d’Eglise et dans la diversité de nos activités communautaires où la solidarité est mise en œuvre, vécue par grâce au nom de notre foi, où l’accueil est offert par amour et dans le souci d’une hospitalité sans arrière-pensée, où la parole est libre, non accusatrice, ouverte à un dialogue enrichissant.
Oui la Parole a germé et germe encore en nous, au plus profond de nous et nous voilà témoins, disciples au sein de la farandole joyeuse des enfants de Dieu, traversant les siècles sans jamais être absents des actualités du monde, de ses craintes et de ses joies, de ses combats et de ses apaisements, de ses silences et de ses débats.
Et c’est l’Esprit, don du Père et du Fils, qui nous donne cet élan car Il nous garde enveloppés de l’Amour de Dieu, bercés par la brise légère du Souffle du Père.
C’est Lui qui nous redonne les couleurs de la Vie et fait de nous ces tâches de couleur de Vie au sein même des plus violents tourments de ce monde.
Ainsi comme des coquelicots dans les champs de nos campagnes, l’Esprit nous donne d’être parcelles d’éclat de vie parsemant de notre présence les foules de cette Terre pour y témoigner de la Parole et de la Vie du Christ ressuscité,
Lui qui a triomphé de la mort et qui ouvre notre chemin sur l’horizon du Royaume.
Voilà Pentecôte, temps des coquelicots,
temps des témoins vivifiés et porteurs de la Bonne Nouvelle !
Pasteur Olivier Filhol