Synode Régional 2022 de l’EPUdF Nord-Normandie

Message du Pdt du CR au Synode NN

Message du président du Conseil Régional

(Retranscription de l’enregistrement)

Vivre par la foi

 

Chers amis,

C’est chaque année une joie de retrouver vos visages. C’est chaque année quelque chose d’important que de prendre ce temps, ce temps parenthèse dans nos quotidiens, ce temps qui vient un petit peu rompre les activités de nos communautés, nos communautés qui sont en communion et présentes au cœur de ce synode par chacun de vous, chacune de vous. Et parfois, plus le synode approche, plus on se dit : Mais est-ce que je vais avoir le temps de tout préparer ? Est-ce que je vais y arriver avec les dossiers ? Est-ce que chacun a envoyé son inscription ? Est-ce que je suis sûr, qu’au dernier moment, il n’y aura pas de chambre à trouver en plus ?

Et alors que l’on est tendu dans ce projet, parfois le téléphone sonne. On se dit : Je réponds ou je ne réponds pas ? Je continue à faire ce dans quoi je suis parce que sinon il faudra que je recommence au début. Ou alors tant pis, au cas où ce soit une urgence, je réponds. On décroche et parfois on regrette d’avoir décroché. Parce que la demande au bout est tellement floue, qu’on se dit : Mais je dois dire oui, je dois dire non, c’est un piège, on veut me faire dire quoi ? Et on n’a pas toujours le temps de réfléchir finalement.

Cela m’arrive régulièrement et vous est peut-être régulièrement arrivé, non pas lorsque pour ma part l’un d’entre vous m’appelle, mais lorsqu’un journaliste m’appelle… Vous savez les journalistes ce sont des gens qui vous appellent toujours au dernier moment, parce qu’ils ont un article à faire et ils veulent vous voir dans les dix minutes ! Et ils vous font croire que vous êtes le plus important du monde, que votre parole est indispensable ! Et vous êtes devant un dilemme : est-ce que je lui dis oui, au risque d’être piégé, de lire l’article une fois fini et de me dire : Mais il n’a rien compris, il m’a trahi, il a dit n’importe quoi, donc de m’énerver et de perdre du temps, ou de dire non, au risque de se replier sur soi-même et de dire : Mais les médias ne parlent jamais des protestants.

 

Il y a quelques jours, un journaliste m’a téléphoné et je lui ai dit oui. Si j’avais su, je l’aurais invité au culte d’ouverture du synode parce qu’il aurait eu toutes les réponses à ses questions. En effet, je suis allé jusqu’à son bureau parce que, bien sûr, je suis une personne importante, mais c’est quand même à moi de me déplacer, parce que lui a un article à boucler : Vous comprenez, Monsieur le Pasteur, je pourrai travailler jusqu’à votre arrivée. Heureusement, il n’était pas trop loin, donc j’y suis allé. Et lorsque je suis arrivé, il m’a dit asseyez -vous, il s’est assis et il a sorti ses notes.

Bon, alors, cette sortie du COVID, ça se passe comment ? Bon, comment vous réagissez à la guerre en Ukraine ? Pour le dérèglement climatique, ça vous intéresse, vous avez quelque chose à dire ? La crise économique, ça vous touche ou pas ? Oui, j’allais oublier les questions migratoires, vous en pensez quoi ? Puis, je sais bien, c’est peut-être pas chez vous, mais les questions de pédophilie dans l’Eglise vous diriez quoi ? En ce moment, là, les questions de lois sur la fin de vie, votre avis ? La question de minorités, ça se pose dans votre Eglise ?

Il faisait son boulot. Et c’était quelque part un petit ping-pong. Ses questions étaient très brèves, mes réponses devaient l’être, alors qu’elles engageaient non pas ma personne, mais finalement l’Eglise, chacune et chacun d’entre vous, et puis dans sa tête, peut-être même tout le protestantisme français.

Alors, bien sûr, on a toujours quelque chose à dire sur chacun de ces sujets. La crise migratoire, on est bien placé pour savoir que cela pose beaucoup de questions et nous fait réfléchir sur notre engagement lorsque l’on est à Calais, à Dunkerque, à Boulogne, mais aussi sur la côte normande. La question climatique, bien sûr, on sort d’un synode sur l’écologie. La crise économique, bien sûr qu’elle nous touche. On a aussi des choses à dire autour de la diaconie, de la solidarité. Sur les minorités, mais bien sûr, il y a l’accueil de chacun tel qu’il est, nous le vivons aussi en Eglise. On a quelque chose à dire sur la guerre en Ukraine, parce qu’elle n’est pas qu’en Ukraine, elle vient jusque chez nous. Ainsi, de fil en aiguille, les questions se succédaient, mes réponses aussi. J’étais mal à l’aise, insatisfait, car je me disais : Mais que va-t-il pouvoir retenir, que va-t-il pouvoir écrire, où est le fil conducteur ? Il n’y avait pas en effet de fil conducteur. Le journaliste avait besoin d’une simple phrase sur chacun des sujets d’actualité.

Nous avons partagé à peu près deux heures comme cela. J’essayais de me dire : Comment je vais terminer ? Et, à un certain moment, il a sorti ses fiches : Bon, ben, on a fait le tour, hein ! Mais quand même, j’ai envie de vous dire, oublions tout ce que l’on vient de se raconter. Vous me voyez quelque peu interloqué. J’aurais eu autre chose à faire si ça ne servait à rien. Et, voilà qu’il m’a dit : Finalement, j’ai une question à vous poser, oublions les autres. Je me suis dit : C’est pas possible ! Je n’osais pas regarder ma montre, mais je savais bien que le temps passait. Et voilà la question qu’il m’a posée : Après tous les sujets que l’on vient d’aborder, pensez-vous qu’aujourd’hui, dans ce monde, nous pouvons encore vivre par la foi ? Laissez-moi m’asseoir pour répondre. Il tape fort le journaliste. Je pourrais dire : il tape l’Eglise là où ça fait mal, car il vient de me poser la question essentielle, cette question à laquelle nous aurions envie de répondre unanimement, nous serions tous d’accord, très rapidement : Mais bien sûr, c’est ce que nous faisons, c’est ce que nous prêchons. Mais le vivons-nous ? Le monde nous le permet-il ? Oui, il nous permet de vivre dans la foi, mais, nous saisissons-nous de cette permission que le monde nous donne ? Quelle question ! Comment répondre ? Parce que, finalement, il n’y a peut-être aucune réponse. J’aurais peut-être dû lui dire : Mais vous en pensez quoi ?

Alors je vous la pose, et je vous la pose en synode cette question : Aujourd’hui, dans nos vies personnelles, dans nos vies de communautés, dans nos vies d’Eglise, pensons-nous qu’il soit possible de vivre par la foi ?

Et finalement, allons un peu plus loin. Vivons-nous par la foi, comme Abraham, avec une promesse d’une descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel ; comme Abraham, prêt à partir, à se déplacer, à oser une aventure vers l’inconnu ? Vivons-nous par la foi, comme Moïse, seul peut-être au Sinaï, mais recevant comme seul signe de son autorité un nom, celui de Dieu une parole, Je suis, invité à libérer un peuple et à le conduire vers une terre promise dont il n’a aucune preuve ? Vivons-nous dans la foi et par la foi comme à Sarepta, constatant que nous avons encore heureusement pour ce soir un peu d’huile dans la jarre, un peu de farine, que nous allons pouvoir encore manger ce soir, mais voilà que quelqu’un frappe à la porte et nous demande de partager et on partage ? Vivons-nous par la foi comme Paul, bravant la tempête, les quolibets, allant à la rencontre de ses frères et de ses sœurs de par le monde ?

Le journaliste a, je crois, tapé très fort, car il nous pose ou il m’a posé, – et je voudrais le partager avec vous – la question de l’urgence, de ce qu’est ou de ce que peut être l’incarnation de la vie par la foi, pour nous aujourd’hui, nous qui sommes habitués à ce discours, nous qui l’annonçons comme une vérité, nous qui le croyons. Le journaliste nous dit : Mais, est-ce réalisable ?

Alors, pour répondre à cette question, on peut faire comme le journaliste au début : ne pas répondre à la question, mais répondre à une multitude de questions, avec nos décisions synodales sur l’étranger, l’écologie, la mission de l’Eglise, tous les sujets, la diaconie… On peut répondre en essayant de sortir la tête haute : Eh oui, regardez, à tel endroit on s’engage là comme cela… et on fait un beau bouquet de tout ce qui marche, de tout ce qu’on a envie de mettre dans la vitrine. Mais, si le journaliste vient à notre rencontre, trouvera-t-il derrière la vitrine ce que nous lui avons exposé ? Car, il est bien beau de montrer ou de mettre sur le tract une photo d’un temple plein, mais combien d’invités entreront dans des temples à moitié plein, au quart plein, et parfois à l’impression de vide ?

Le journaliste a tapé fort parce qu’il a tendu un piège. Celui de la réponse évidente, ou qu’il pensait être évidente dans la bouche d’un homme d’Eglise. Oui, on peut vivre par la foi, et si vous viviez par la foi, tout irait mieux. Ah ! oui, je le crois, tout irait mieux pour toi, tout irait mieux autour de toi. Mais, alors dans ton quotidien, demande-toi, pour toi, c’est où Sarepta ? Pour toi, c’est quand le Sinaï ? Pour toi, c’est quand le bateau sur la mer ? Pour toi, c’est quand le départ vers La Terre promise ?

Lorsque l’on essaie, ou si l’on veut essayer de répondre honnêtement, alors le journaliste nous ramène à beaucoup d’humilité, nous ramène à plus de questions que de réponses. Car, la prise de conscience qu’il nous invite à faire, je crois qu’il faut que nous la fassions, aussi, en synode et dans le quotidien de nos vies d’Eglise, c’est que la manière de vivre du monde s’est drôlement immiscée dans la manière de vivre de l’Eglise. L’Eglise est-elle encore signe d’un vivre autrement possible ? Les discours du monde se sont drôlement immiscés dans les discours de l’Eglise. L’Eglise n’aurait-elle rien d’autre à dire que de commenter l’actualité du monde ? Notre manière de penser, notre manière d’être est-elle encore une manière que nous choisissons, que nous discernons, dans laquelle le Christ nous invite à acter notre foi, notre confiance en lui ? Est-il encore possible de vivre dans ce monde par la foi ? Cela ne veut pas dire de vivre en irresponsables, cela ne veut pas dire de vivre hors du monde, cela ne veut pas dire de prendre tous les risques… Mais cela veut peut-être dire de refuser d’alimenter les peurs du monde, de sur-commenter les angoisses du monde. Car l’Evangile, c’est une graine d’espérance. Car l’Eglise, c’est une bonne nouvelle. Alors si l’Eglise, si l’Eglise n’a plus de discours de bonnes nouvelles, qui nous en donnera ? Probablement pas le journaliste. Si l’Eglise n’est point, ou n’est plus témoin d’un possible, qui nous dira un avenir apaisé et possible ? Si l’Eglise n’est pas porteuse d’une parole apaisante, qui calmera les peurs de nos concitoyens ? Probablement pas les chaînes d’information en continu. Car vous l’avez remarqué, avant même de sortir d’une crise sanitaire, on en parle pendant des semaines comme pour vous faire peur sur la sortie de la crise sanitaire. Au moment de l’invasion d’un pays, pendant six jours, on vous dit que Kiev va tomber : Attention, ça va être un drame !, et on ne s’excuse même pas d’avoir pré-écrit une histoire qui ne s’est même pas réalisée, parce qu’il y avait un autre possible.

Alors oui, comment est-ce que nous vivons, non pas en justifiant que nous vivons par la foi, non pas en le démontrant, car, finalement, qui peut dire que l’on vit par la foi si ce n’est le Seigneur qui nous y invite et qui voit notre réponse, si ce n’est l’autre qui nous voit vivre et qui dit : Tiens ! lui ! il vit autrement.

Le journaliste a tapé fort, et quelque part il a fait un petit peu mal, parce qu’il est venu titiller l’inconfort de la vie chrétienne aujourd’hui. Il est venu titiller notre difficulté à mettre en adéquation nos convictions avec nos actes, nos engagements. Combien de fois demandons-nous aux autres de s’engager pour telle ou telle cause et n’arrivons pas nous-mêmes à faire un petit effort ? Ce serait tellement plus facile que ce soit les autres qui aient un bilan carbone zéro pour me permettre à moi de pouvoir continuer à voyager, à acheter des produits ayant fait des kilomètres… Ce serait tellement bien que ce soit les autres qui remplissent les caddies de la solidarité et que moi je puisse garder mes conserves au cas où… Car, vous l’avez remarqué, on est très fort pour garder une poire pour la soif ! Et parfois on la garde tellement longtemps que lorsqu’on a soif, elle est sèche la poire ! Eh oui, la poire assèche la soif dans l’instant, il n’est pas sûr qu’elle le fasse dans six mois, dans un an.

Alors chers amis, qu’est-ce pour toi, qu’est-ce pour moi, vivre aujourd’hui par la foi ? La seule chose qui me semble que ce ne doit pas être, ce ne doit pas être un sermon, une liste d’obligations, d’interdictions, qui permettrait à quelqu’un de dire : Ah ! ben oui, toi tu vis par la foi, toi tu vis pas par la foi, toi c’est 50%, toi c’est 30%, ah ! là il te faut faire des efforts quand même. Vivre par la foi, cette question rejoint l’intime.

Et donc à terme, tout ce que je viens de vous raconter, je pourrais vous dire, comme le journaliste me l’a dit par rapport à toutes ses questions : Oubliez tout, ça ne sert à rien. Car finalement, qu’est-ce qui peut servir ? Ce qui sert aujourd’hui dans ce monde, ce à quoi nous sommes invités à nous abandonner, c’est, comme l’a évoqué Guillaume de Clermont durant le culte, c’est à la Grâce. C’est un mot que le monde ne comprend pas. Le journaliste n’aurait probablement pas repris ce mot dans son papier. Et pourtant, il est essentiel, aujourd’hui, ce mot. Car ce mot, il libère des culpabilités, il protège des autosatisfactions. Il nous garde des scoops de complaisance. Car son origine, ce n’est jamais nous, c’est Dieu. Vivre par la foi, c’est une grâce, un don de Dieu. Ce n’est pas le fruit de nos efforts, ce n’est pas la conséquence de nos décisions synodales, c’est un don de Dieu. Et ce don, nous en sommes toutes et tous bénéficiaires. Je crois que nous sommes dans une actualité, que notre monde est dans une actualité où il est urgent, urgent de reprendre conscience que nous sommes au bénéfice de la Grâce, de cet amour premier de Dieu, qui nous dit que le visage de Dieu est sur le visage de chacun et de chacune de nos frères et de nos sœurs en humanité. Reprendre conscience de la Grâce de Dieu qui nous dit : Arrête de demander à ce que ton superflu soit encore augmenté, partage-le ! Toi qui demandes la redistribution des richesses, mais redistribue les tiennes ! Et même la Grâce te dit : mets même de ton nécessaire à la disposition des autres, pas uniquement de ton superflu, et le monde ira mieux.

Car aujourd’hui, celles et ceux qui vivent comme Abraham en quittant leur pays pour en rejoindre un autre, ce n’est peut-être pas à l’appel de Dieu qu’ils le font, mais ils fuient la guerre, la famine… Alors chers amis, faut-il être en guerre, faut-il avoir faim pour croire que là-bas, il y aura la paix, que là-bas, il y aura à manger ? Ceux qui aujourd’hui sont sur les chemins, sur les bateaux, vers des lieux qu’ils ne connaissent pas, c’est parce qu’ils croient que là-bas, il y a tout pour eux. Faut-il se souhaiter leur situation d’origine, pour redécouvrir que l’on peut vivre par la foi ? J’ose espérer que non, j’ose espérer que nous pouvons redécouvrir dans nos conforts, dans notre bien-être, l’urgence, oui chers amis, l’urgence d’être témoins d’une vie par la foi possible.

Le journaliste a tapé fort. Et j’ai l’impression que le simple fait d’avoir gardé au cœur cette question et de la partager avec vous aujourd’hui, fait que ce journaliste, il était important à rencontrer pour nous faire réfléchir, pour nous faire avancer, non pour nous culpabiliser, non pour nous obliger, mais pour nous dire : Tu peux choisir de vivre chaque jour un peu plus par la foi. Et toi seul sait ce que ça représente pour toi, ce qui est possible pour toi. Mais si, toi, dans ton coin sombre, tu reçois cette lumière, alors partage-la en communauté, en Eglise, et tu ne seras plus seul sur ton chemin au départ d’Our en Chaldée, il y aura avec toi, l’Eglise, un peuple. Tu ne seras plus le seul sur le Sinaï, mais il aura avec toi tous ceux et toutes celles qui se sentent libérés par ta parole et ton témoignage. Tu ne seras pas seul à Sarepta, tu seras visité, accompagné. Tu ne seras plus seul sur ton bateau, balloté par les vagues, il y aura là discret, couché à côté de toi, la tête posée sur un coussin, le Christ qui n’attend qu’une chose, que tu lui dises : Réveille-toi !

Vivre par la foi, assumer de ne pas toujours avoir de réponses aux questions que nous pose le monde, mais être là avec celles et ceux qui se posent des questions. Vivre par la foi, accepter de ne pas toujours avoir ce qui serait nécessaire pour l’autre, mais lui offrir de partager ce qui est nécessaire pour nous. Vivre par la foi, assumer que nous ne sommes jamais seul, que le Christ est toujours là, que nous n’avons pas à en avoir honte, que nous n’avons pas à le cacher, mais que nous devons assumer avec Lui le signe que nous sommes appelés à être.

A Our en Chaldée, au Sinaï, à Sarepta, sur les océans, c’est avant tout une descendance qui a vu le jour, descendance qu’Abraham n’a jamais connu, c’est avant tout une terre où coule le lait et le miel qui était présente, terre que Moïse a aperçue, mais dans laquelle il n’est jamais entré, c’est avant tout quelques gâteaux qui ont réconforté un prophète, qui est parti et qui a poursuivi sa mission, et que la veuve de Sarepta n’a peut-être jamais revu, ce sont avant tout des rivages que l’on pensait inatteignables pour les compagnons de Paul, rivages de la paix où la contestation a parfois continuée entrenue non pas le vent, mais par des puissants. Dans chacun de ces instants, un commencement de vie par la foi a vu le jour

Le monde, chers amis, est plein de richesses. Personne ou peu mettent à la une de leurs journaux les richesses de ce Monde. L’être humain est plein de richesses. Personne ou peu mettent les richesses du cœur à la une de leurs journaux. Alors il est grand temps, chers amis, d’arrêter de se plaindre : Il n’y a plus de jeunes, nous ne sommes plus nombreux, les aînés ne peuvent plus s’engager. Arrêtons, s’il vous plaît. Nous sommes là. Ceux qui s’engagent sont là, merci à eux. Et demain, qu’en savons-nous ? Pourquoi voulons-nous y répondre déjà par anticipation ? Nous aimons bien nous faire peur, comme le monde. Nous aimons bien dessiner demain. Laissons Dieu dessiner nos lendemains. Car, si en Eglise nous ne le faisons pas, qui en sera témoin ? Si en Eglise nous n’y croyons plus, que croira le monde demain ?

Le journaliste a eu bien raison de me poser cette question embarrassante. Je ne sais pas si j’ai eu raison de la garder jusqu’à ce jour pour la poser au cœur de la vie de ce synode. Mais il me semble qu’elle est, ou qu’elle devrait être d’une actualité brûlante dans la manière dont nous vivons la mission de l’Eglise, dans la manière dont nous essayons de témoigner au cœur du monde, dans la manière dont nous nous engageons dans la diaconie, la solidarité, dans la manière dont nous parlons d’accueil, dans la manière dont nous répondrons lorsque l’on va très bientôt, comme cela a déjà commencé, nous parler et de décroissance et de fin d’abondance. Mais en Eglise, ce n’est pas de décroissance, ce n’est pas de fin d’abondance que nous devons parler, c’est de promesse d’abondance, c’est de promesse de croissance. Vivre par la foi, c’est être contre vents et marées, comme sur les mers Paul, avec quelques gouttes d’huile et quelques grammes de farine comme à Sarepta, avec les jambes tremblantes comme devant un buisson ardent, avec un immense inconnu devant les yeux comme à Our en Chaldée. Vivre par la foi, c’est faire le pari que ce vide, que cet inconnu, c’est richesse, que ces quelques gouttes d’huile sont abondance, et qu’alors on se sent bien, confiants. Alors on se sent à sa place, non pas celle qu’on s’est choisi, mais celle que Dieu nous a donné dans Sa création, dans ce temps.

Alors chers amis, s’il y a en nous des peurs pour nos lendemains, essayons d’y mettre un peu de foi. S’il y a des manques, des pauvretés, essayons d’y mettre un peu de foi, non pas pour devenir des anges, non pas pour vivre hors sol, mais pour être citoyens de la terre en tant que citoyens du ciel. Car c’est bien là que le Christ nous donne une identité nouvelle : citoyen du ciel, les pieds sur terre pour vivre par la foi !

Pasteur Olivier Filhol

Criel sur Mer, le 18 novembre 2022

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