Troisième épisode du « feuilleton » Kiliba
Il fait encore nuit noire. A 4 h 30 la cloche de l’église sonne pour appeler les paroissiens, s’ils le souhaitent, à venir prier ensemble avant le début de la journée.
Nous sommes sur l’Equateur et vers 5 h le jour se lève avec le bruit des animaux qui se réveillent. C’est un moment magique. A 5 h 30 tout le monde est debout.
Chacun vaque à ses occupations : les femmes partent aux champs cultiver le manioc et autres légumes pendant que les grandes sœurs vont s’occuper de la maison et des enfants. Les hommes partent vers leurs différentes occupations et font souvent du maraichage.
Les enfants et adolescents qui ont la chance d’aller à l’école (maternelle, primaire, secondaire) sont partis de la maison et pressent le pas pour arriver à l’heure car les cours commencent à 7 h et les retards ne sont pas tolérés.
Tous marchent en moyenne 1 heure pour rejoindre leurs activités.
LA VIE A L’ECOLE
A Kiliba, les cours ne durent qu’une demi-journée (matin ou après-midi) car il n’y a pas assez de classes pour accueillir tous les élèves (les classes sont mixtes). Heureusement les enseignants, les parents et l’Eglise se sont associés pour construire de nouvelles classes en briques, en effet beaucoup étaient si vétustes que le toit est parti ou que les murs en pisé se sont effondrés.
LA VIE A L’HOPITAL
Pendant que les médecins et infirmiers soignent les malades (beaucoup de mamans viennent accoucher, d’autres accompagnent leurs petits enfants qui ont fait de graves crises de malaria et de malnutrition), les familles viennent vers midi apporter le repas pour les malades. Si les familles habitent trop loin (3 ou 4 h de marche) elles ne pourront pas venir tous les jours.
LA VIE DANS LES RUES DU VILLAGE
Vers 14 h, moment où le soleil est au zénith, on voit les femmes lourdement chargées rapporter sur leur dos le manioc (racines et feuilles) ainsi que du bois vert qui servira à confectionner le repas du soir, seul repas de la journée pour toute la famille. Elles rentrent chez elles après avoir marché 1 ou 2 heures. Elles prennent la relève de leurs filles aînées. Si cela n’a pas pu être fait, elles iront chercher de l’eau à la rivière et en profiteront pour laver le linge. Les filles iront pour les plus chanceuses à l’école. C’est la vie de nos 40 boursières qui aiment apprendre et ont de très bons résultats.
On voit les animaux : chèvres, poules, cochons qui ont déambulé toute la matinée dans les rues se mettre à l’abri du soleil.
Les soldats et leurs familles qui occupaient depuis le début de la guerre une grande maison en face du lycée sont partis il y a quelques semaines mais les milices sont toujours présentes dans les hauteurs du village. La peur fait partie de la vie de tous les jours.
La vie extérieure change vite et les nouvelles technologies, qui avec le téléphone portable peuvent faire des merveilles, sont en train de propulser la population de l’âge de la communication entre voisins vers une communication planétaire.
LES ACTIVITES DES PAROISSIENS
Outre les cultes du dimanche dans la grande église et en semaine dans les petites églises de quartier, l’Eglise organise une grande partie des activités des paroissiens. Il y a tous les jours des activités et ce pour toutes les classes d’âge : enfants, adolescents, jeunes adultes, adultes femmes et hommes y participent.
Vers 14 h, 2 fois par semaine, des femmes se regroupent pour apprendre à confectionner des habits, d’autres vont visiter des malades, s’occupent de la diaconie. Les chorales jouent un grand rôle. Il existe des groupes de catéchèses dans chaque quartier du village. Des centaines d’enfants se retrouvent à l’école du dimanche (écodim). Toutes ces activités sont encadrées par les responsables de l’Eglise : pasteurs, conseillers presbytéraux, diacres.
RETOUR A LA MAISON
A partir de 17 h, on voit la fumée sortir des toits en chaume des maisons faites en pisé. La maman ou la grande fille prépare le plat quotidien (on ne mange qu’une fois par jour) une pâte faite à partir de farine de manioc accompagnée des feuilles vertes de la plante. Ce plat s’appelle le fou-fou et est apprécié par tout le monde mais malheureusement peu nourrissant.
A 18 h il fait nuit et comme il n’y a pas d’électricité dans les maisons, les familles se couchent tôt.
VIE DE L’EGLISE
Dans le village, séparé par la route qui va d’Uvira à Bukavu, le bâtiment de l’église domine. Il y a quelques églises de quartier, des églises d’autres obédiences et une ou deux mosquées. Mais c’est le bâtiment blanc de la grande église qui domine. Elle contient chaque dimanche environ 800 personnes. A cause de l’Etat déficient, c’est elle qui organise en grand partie la vie du village : écoles, hôpital, solidarité, etc…
Les paroissiens sont de très fervents chrétiens. C’est leur foi en l’amour de Dieu qui leur permet de continuer à vivre en hommes et femmes responsables.
Maintenant que nous, paroissiens de la région Nord-Normandie les connaissons un peu mieux, faisons le vœu de ne pas les oublier, de les reconnaître comme frères et sœurs en Christ.